Chaque jour, les surveillants de prison saisissent des objets illicites dans les cellules.
L’administration pénitentiaire dépense ainsi des millions d’euros afin de comprendre comment ces marchandises se retrouvent à l’intérieur.
Technique du yo-yo, multiplication de drones… une équipe de TF1 s’est rendue dans le centre de détention d’Écrouves (Meurthe-et-Moselle) pour identifier ces techniques.
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LE WE 20H
« On va procéder à la fouille de votre cellule s’il vous plaît ». Dans le centre de détention d’Écrouves (258 détenus), deux cellules sont contrôlées aléatoirement chaque jour. 8 m² minutieusement fouillés, chaque recoin pouvant être utilisé comme cachette. Dans le reportage de TF1 en tête de cet article, on peut voir un surveillant inspecter l’arrière d’un téléviseur, déjà adapté pour ne rien dissimuler. « On n’est pas à l’abri d’un démontage du contour, et d’avoir un objet entre l’écran et la plaque métallique », détaille le Capitaine Christopher Loppé, officier. Le détenu est quant à lui entièrement déshabillé pour une fouille corporelle, dans un local indépendant.
Yo-yos, drones… des outils performants
« On a une population qui est assez jeune, qui cherche principalement les smartphones pour rester connectés, notamment sur les réseaux sociaux. Avec un téléphone, aujourd’hui, on peut monter un plan d’évasion », alerte l’officier. Par ailleurs, 21.000 saisies de stupéfiants ont été enregistrées en 2023. Mais alors, comment s’y prennent les détenus pour y accéder ? À l’extérieur de la prison, on peut constater des ficelles attachées aux barreaux (voir image ci-dessous).
Ce sont des yo-yos, utilisés afin de faire passer des objets interdits entre les cellules. Certains détenus peuvent également se faire livrer devant leur fenêtre, avec l’aide de dronistes. Ces derniers multiplient les publicités sur les réseaux sociaux, réclamant jusqu’à 600 euros pour le paquet de 350g livré.
À Écrouves, un nouveau dispositif de brouilleurs anti-drones a été mis en place pour repérer ces appareils toujours plus sophistiqués. « On avait à peu près 60 drones détectés avant, aujourd’hui, on pourrait dire qu’il n’y a quasiment plus de drones sur le centre de détention d’Écrouves », assure un officier en charge de la sécurité. Néanmoins, ces brouilleurs coûtent en moyenne 250.000 euros. Un centre de détention sur deux en est équipé en France.
« Des corrompus, il y en a partout »
Jamel, ancien détenu sollicité dans le sujet de TF1, connaît bien ces dispositifs. À 52 ans, ce Marseillais a été condamné trente-huit fois pour vol, trafic et tentative d’évasion. « Moi, j’ai fait passer des choses (…) Même par certains surveillants. Des corrompus, il y en a partout », affirme-t-il. « Par exemple ‘je peux te faire venir, déposer ça devant l’entrée. Est-ce que tu peux le récupérer ? On fait moitié-moitié’« , dénonce l’ancien détenu.
Un surveillant gagne entre 1900 et 2700 euros net par mois. La corruption, elle, est passible de deux ans de prison. « Toute personne qui rentre doit impérativement enlever la ceinture, les téléphones portables, pareil pour les surveillants, pour les officiers, pour les familles… », assure Stéphane Murat, directeur du centre de détention d’Écrouves. Mais dans les prisons, le premier point d’entrée des produits illégaux reste les parloirs. Les sacs des visiteurs sont contrôlés, mais les personnes ne sont en revanche pas fouillées, ce procédé étant interdit.