Dans l’imaginaire collectif, une demande de mariage s’effectue avec un genou à terre.
Cette tradition moderne s’inspirerait de « l’amour courtois » de l’époque médiévale.
Elle serait le symbole de l’amour, de la dévotion et de la loyauté.
Il suffit de se promener sur les réseaux sociaux sous le hashtag « proposal » pour tomber sur des milliers de demandes en mariage qui se ressemble. Monsieur pose un genou à terre, sort de sa poche un gros diamant pour demander la main de sa dulcinée. Dans ces vidéos vues parfois des millions de fois, on retrouve tous les codes des comédies romantiques américaines : un cadre sublime, la déclaration d’amour passionné, et parfois un public pour applaudir à tout rompre quand (ou si) la future madame dit oui. Mais d’où vient cette tradition du genou à terre ?
De la dévotion à l’amour courtois
La demande en mariage est un événement qui bouleverse une vie. Il s’agit de deux personnes qui décident de s’unir pour des raisons différentes, mais elles ont tout un point commun : l’amour ! Et en matière de « proposal », il y a les adeptes de la simplicité, ceux qui règlent la question au petit-déjeuner, en préparant le café, et d’autres qui aiment les grands gestes romantiques : le restau, les fleurs et le genou à terre. Cette tradition rappelle « l’amour courtois qui s’est développé en France, au 12ᵉ siècle », souligne la sociologue Florence Maillochon interrogée dans l’émission Le Dessous des Images, sur Arte. « Le chevalier à l’époque médiévale voulait plaire à la dame en se mettant à son service« . En mettant un genou à terre, le chevalier promet loyauté, respect et amour.
Mais avant « l’amour courtois », le genou à terre était un acte de soumission envers le roi ou la reine ou envers une autorité supérieure. Le chevalier reprenait alors ce geste devant sa bien-aimée pour lui exprimer son engagement et sa dévotion.
Le genou à terre ou l’invention du tradition moderne
Mais, contrairement à ce que l’on peut penser, le genou à terre, n’est pas une tradition transmise de génération en génération depuis le Moyen Âge, mais une invention bien plus moderne. Chez nos confrères de Slate, elle précise : « Les jeunes générations ont l’impression que la demande en mariage est quelque chose de normal, que ça s’est toujours pratiqué, alors que pas du tout. L’échange de promesses respectives se transforme depuis une vingtaine d’années en une nouvelle scène, la demande en mariage« . En effet, pendant très longtemps, la future épouse était soumise à la « puissance paternelle », et c’était au père de famille que la demande était formulée, notamment en France. La femme n’avait pas réellement son mot à dire dans l’histoire.
Le genou à terre et la demande en mariage, très théâtralisée telle qu’on l’imagine aujourd’hui, se nourrit donc surtout des contes de fées (eux-mêmes nourris par les légendes médiévales) mais surtout les comédies romantiques. D’ailleurs, dans son ouvrage La passion du mariage, la sociologue précise : « Mettre un genou à terre semble devenu une norme de plus en plus répandue en France, que les mariées raillent comme un artifice des séries américaines, mais attendent cependant« . Et, selon une enquête réalisée par The Knot en 2022, 87 % des demandes en mariage ont conservé la tradition de s’agenouiller. Cette tradition moderne a donc encore de beaux jours devant elle.