Arvind Kejriwal, ministre en chef de Delhi et un des principaux opposants du premier ministre Narendra Modi, a appelé samedi 11 mai l’Inde à combattre la « dictature », au lendemain de sa libération de prison sous caution pour qu’il puisse participer aux élections législatives en cours. « Je suis venu supplier 1,4 milliard de personnes de sauver mon pays », a-t-il déclaré en conférence de presse. « Sauvez mon pays de cette dictature », a-t-il lancé, alors que l’Inde tient ce scrutin jusqu’au 1er juin.
Arvind Kejriwal s’en est également pris personnellement au premier ministre, en l’accusant d’utiliser la justice pour mettre ses adversaires sur la touche. Narendra « Modi a entamé une mission très dangereuse (…). Il enverra tous les chefs de l’opposition en prison », a-t-il dit. M. Kejriwal, 55 ans, est l’un des dirigeants de l’Indian National Developmental Inclusive Alliance (India), un regroupement d’une trentaine de partis d’opposition. Il avait été arrêté et placé en détention le 21 mars par la principale agence indienne de lutte contre la criminalité financière. Le gouvernement régional d’Arvind Kejriwal est accusé d’avoir reçu des pots-de-vin dans le cadre de l’attribution de licences de vente d’alcool à des sociétés privées – ce qu’il conteste.
Peu de doutes sur une victoire de M. Modi
Plus d’un millier de soutiens l’ont acclamé à sa sortie de la prison de Tihar, dans la capitale indienne. « Ils m’ont jeté en prison et le premier ministre dit qu’il combat la corruption (…). Si vous voulez combattre la corruption, apprenez d’Arvind Kejriwal », a encore déclaré l’opposant.
Arvind Kejriwal devra retourner en garde à vue avant le dernier jour du scrutin, le 1er juin. « Il ne fait aucun doute que de graves accusations ont été portées, mais il n’a pas été condamné », ont argué deux juges de la Cour suprême. « Il n’a aucun antécédent criminel. Il ne constitue pas une menace pour la société », ont-ils affirmé. Sa libération était conditionnée à son engagement à ne faire aucune déclaration publique sur les accusations portées contre lui, à ne pas interagir avec les témoins de l’affaire et à ne pas visiter les bureaux du gouvernement de Delhi.
Près d’un milliard d’Indiens ont été appelés à prendre part aux élections démarrées le 19 avril pour choisir un nouveau gouvernement, dans le plus grand exercice démocratique au monde. Nombre d’analystes considèrent acquise la victoire de M. Modi, notamment en raison de la popularité de sa politique nationaliste hindoue, majorité religieuse du pays.