De l’histoire vers le symbole : ainsi procède la présentation de travaux récents de Pascal Convert. Dans la première salle de la galerie RX & Slag, à Paris, sculptures et photographies se réfèrent à la guerre : les racines, qui sont devenues concrétions irrégulières de verre, viennent des champs de bataille de Verdun et les tirages-contacts sont ceux de pierres tombales arméniennes – les khatchkars frappés de la croix – en mémoire de toutes celles que les autorités azerbaïdjanaises ont fait renverser dans le cimetière chrétien de Djoulfa entre 2002 et 2006.
Dans la deuxième se dressent deux stèles d’un verre dense et opaque, l’une d’un bleu de lapis-lazuli, l’autre ocre rouge et rose. Elles sont parcourues de haut en bas par des lignes continues : le battement d’un cœur à l’instant de la naissance ou de la mort. Cette fois, le récit est à la première personne du singulier, au plus près du corps, sous le signe du temps.
Dans la dernière salle, la plus grande, sont répartis au sol les treize éléments de l’œuvre que l’artiste nomme Constellations. Les voix qui se sont tues II : posées sur des plaques carrées de verre outremer, des cloches transparentes, de diverses tailles, plus ou moins régulières. Sous chacune d’elles, au centre, sont posés des blocs irréguliers de verre jaune d’urane, dont les cassures, les arêtes et la violence de la couleur s’opposent aux courbes des cloches et au bleu paradisiaque. Cette installation impose le silence et fait de l’espace un sanctuaire. La pensée du sacré est présente de longue date dans l’œuvre de Pascal Convert, mais elle ne le fut sans doute jamais avec une telle intensité.
« Constellations ». Galerie RX & Slag, 16, rue des Quatre-Fils, Paris 3e. Jusqu’au 8 juin, du mardi au vendredi de 10 heures à 13 heures et de 14 heures à 18 heures, samedi de 11 heures à 19 heures.