L’injection d’eaux usées industrielles dans le sous-sol est responsable des séismes réguliers dans le bassin de Lacq.
Ce constat « sans appel » a été établi par une étude internationale de l’université de Toulouse.
Depuis 1969, peu après le début de l’exploitation des réservoirs gaziers, la région de Lacq est régulièrement secouée par des séismes de faible magnitude.
Le constat est « sans appel » : l’injection d’eaux usées industrielles dans le sous-sol est responsable des séismes réguliers dans le bassin de Lacq (Pyrénées-Atlantiques), près de Pau. C’est ce qu’a établi une étude internationale de l’université de Toulouse, publiée jeudi 23 mai dans Geophysical Journal International après trois ans de recherche.
Depuis 1969, soit quelques années après le début de l’exploitation des réservoirs gaziers, la région de Lacq est régulièrement secouée par des séismes de faibles magnitudes. L’origine anthropique (d’origine humaine) de la sismicité de Lacq était connue depuis longtemps. Toutefois, ce « cluster » de séismes a longtemps été attribué aux activités passées d’extraction intense de gaz du réservoir de Lacq. Celui-ci fut pendant 60 ans le plus grand gisement de gaz naturel exploité en France. Or, « l’extraction intensive du gaz de Lacq s’est terminée en 2013 et la sismicité de la zone n’a pas diminué pour autant », indique à l’AFP Jean Letort, enseignant-chercheur à l’université Toulouse III-Paul Sabatier, au sein de l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie.
L’étude confirme l’hypothèse d’un « rôle majeur » des eaux usées industrielles injectées dans le réservoir, envisagée il y a trois ans par une équipe de recherche franco-allemande. « La majorité des séismes sont localisés très proches des limites du réservoir et l’énergie sismique libérée est directement liée aux variations du volume d’eaux industrielles injecté dans le réservoir », conclut cette étude basée sur un réseau de capteurs déployés depuis trois ans.
« Plus on injecte, plus le séisme est important »
« Plus on injecte, plus le séisme est important », résume Jean Letort. L’enseignant-chercheur plaide pour l’élaboration de modèles fiables. « Il faut comprendre quels pourraient être les risques pour établir un plafond », indique-t-il. Un « enjeu crucial » pour la gestion des injections d’eaux usées, mais aussi pour la géothermie profonde et les projets de séquestration de gaz carbonique, souligne encore l’étude.
Le bassin de Lacq est au centre d’un projet d’enfouissement de CO2, porté par le gestionnaire de réseau de gaz Teréga, le cimentier français Lafarge, le groupe sidérurgique ArcelorMittal et le pétrolier espagnol Repsol, qui prévoit de stocker dans le sol cinq millions de tonnes de CO2 par an.
Des chercheurs allemands du German Research Centre for Geosciences de Postdam, impliqués dans cette étude, travaillent également sur le cas du gisement de gaz naturel de Groningue, dans le nord des Pays-Bas, exploité depuis 1963, où les nombreux séismes causés par l’extraction ont ébranlé des habitations. En octobre 2023, le Sénat néerlandais a approuvé la fermeture définitive de ce site. Le robinet sera définitivement coupé le 1er octobre 2024.