Les salariés de l’Apple Stone de Towson, une ville américaine en banlieue de Baltimore dans le Maryland, avaient déjà réalisé une première en juin 2022, en votant pour se doter d’un syndicat. Ils pourraient continuer à marquer l’histoire du travail après avoir voté, samedi 11 mai, en faveur d’une possible grève, ce qui serait inédit dans une enseigne du célèbre groupe technologique aux Etats-Unis.
« Le vote montre les frustrations des salariés concernant les problèmes non résolus sur le lieu de travail. La date d’un éventuel arrêt de travail sera déterminée par IAM CORE », la branche locale du syndicat, a déclaré le syndicat IAM dans un communiqué. Avant eux, aucun groupe de salariés n’avait créé un syndicat dans un magasin américain du fabricant de l’iPhone. Ces employés ont depuis rejoint les rangs de IAM (qui représente principalement des techniciens), et leur branche négocie un nouveau contrat professionnel avec Apple.
Le vote de samedi « fait suite à plus d’un an de négociations avec la direction d’Apple qui n’ont pas abouti à des solutions satisfaisantes sur des questions essentielles pour [nos] membres », avait expliqué le syndicat dans un communiqué mercredi. Les discussions ont notamment achoppé sur « l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, les horaires imprévisibles qui perturbent la vie personnelle et les salaires qui ne reflètent pas le coût de la vie dans la région », d’après IAM.
Un autre vote à venir dans une boutique du New Jersey
Le magasin de Towson compte une centaine d’employés. Quelque 98 % de ceux qui ont voté se sont prononcés pour un arrêt de travail, d’après un délégué syndical. « Le vote d’aujourd’hui (…) envoie un message clair à Apple », ont dit des membres d’IAM CORE, cités dans le communiqué samedi. La grève pourrait avoir lieu avant la prochaine réunion de négociations, prévue le 21 mai.
Apple cultive soigneusement une image policée, incarnée physiquement par ses magasins luxueux. Un piquet de grève devant l’un d’entre eux nuirait à son image de marque, et serait une grande première aux Etats-Unis.
La vague syndicale américaine née dans quelques entrepôts d’Amazon pendant la pandémie de Covid-19 s’est propagée à d’autres groupes, notamment Starbucks et d’autres chaînes, mais aussi Apple. Les employés d’un autre magasin de l’entreprise californienne, dans le New Jersey, votent aussi ce week-end, pour décider de rejoindre un syndicat.
L’agence en charge du droit au travail, le NLRB, a reçu de nombreuses plaintes contre Apple, régulièrement accusé de tenter de décourager son personnel de se syndiquer.
En France, en septembre dernier, près d’un quart des salariés des boutiques d’Apple s’étaient mis en grève le jour du lancement mondial de l’iPhone 15, pour réclamer une revalorisation salariale au moins égale à l’inflation.