Le poids des écologistes dans le prochain Parlement européen dépendra largement du score qu’obtiendront les Verts allemands lors du scrutin du 9 juin. Actuellement, ces derniers détiennent à eux seuls 21 des 72 sièges du groupe des Verts/Alliance libre européenne (ALE). Une conséquence des 20,5 % qu’ils avaient recueillis en 2019, le meilleur résultat de leur histoire à l’échelle de l’Allemagne.
Cette année, les élections européennes s’annoncent beaucoup plus difficiles pour les Verts allemands. « Il y a cinq ans, nos thèmes étaient en haut de l’agenda. Nous étions portés par une dynamique qui a notamment pris la forme des grandes manifestations des jeunes pour le climat, particulièrement importantes en Allemagne, se souvient Hannah Neumann, élue eurodéputée en 2019, à l’âge de 35 ans. Aujourd’hui, le débat politique est radicalement différent. Les questions climatiques sont passées au second plan, derrière d’autres préoccupations comme le pouvoir d’achat et l’inflation, ce qui complique évidemment les choses pour nous. »
Certes, les Verts allemands ne sont pas les seuls à pâtir de cette évolution, qui concerne toute l’Europe. Mais à ce handicap s’en ajoute un autre : le fait d’être au gouvernement, ce qui n’est le cas des écologistes que dans trois autres pays de l’Union européenne, Autriche, Belgique et Irlande. « En 2019, nous étions dans l’opposition, ce qui nous permettait de pointer facilement les erreurs du gouvernement. Depuis 2021, nous faisons partie du gouvernement. Donc, nous n’avons plus ce levier pour faire campagne », explique Mme Neumann.
« Nous sommes des repoussoirs »
Aux régionales d’octobre 2023 en Bavière et en Hesse, les Verts ont déjà payé cher leur participation à la coalition du chancelier social-démocrate Olaf Scholz (Parti social-démocrate, SPD) : dans ces deux Länder de l’ouest du pays, ils ont respectivement reculé de 3 et de 5 points par rapport à 2018. Depuis, l’image du gouvernement fédéral ne s’est pas améliorée. Dans le dernier baromètre mensuel ARD-DeutschlandTrend, publié le 2 mai, 79 % des personnes interrogées se disent insatisfaites du gouvernement, soit exactement le même pourcentage qu’à la veille des élections en Bavière et en Hesse. « Faire partie d’un gouvernement qui a une si mauvaise image est évidemment un problème et nous allons forcément le payer dans les urnes le 9 juin », anticipe l’eurodéputé écologiste Martin Häusling, membre du Parlement européen depuis 2009 et en campagne pour un quatrième mandat.
« Comme spécialiste des questions agricoles, j’ai pu mesurer, à l’occasion du récent mouvement de protestation des agriculteurs, à quel point nous sommes des repoussoirs dans ce milieu mais également dans d’autres secteurs de la société, comme en témoigne la multiplication des agressions dont nous sommes victimes », poursuit M. Häusling. Sur les 2 790 délits perpétrés en 2023 contre des élus ou des militants des sept partis représentés au Bundestag, 1 219, soit près de la moitié, ont visé les Verts. A eux seuls, ils ont été victimes d’un plus grand nombre d’actes délictueux que les représentants du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) (478) et du SPD du chancelier Scholz (420).
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