L’image a fait le tour de l’Europe. Ce 1er mai, un illustre supporteur du Paris-Saint-Germain était assis aux côtés du président qatari du club, Nasser Al-Khelaïfi, et du patron de la Ligue de football professionnel (LFP), Vincent Labrune, dans les travées du Westfalenstadion (officiellement Signal Iduna Park) de Dortmund, pour assister à la défaite, 1-0, de l’équipe française contre les Allemands du Borussia, en demi-finale aller de la Ligue des champions. Nicolas Sarkozy avait fait le déplacement pour soutenir le PSG, assumant d’une certaine manière son rôle de médiateur de l’ombre sur l’échiquier du ballon rond.
Ce n’est pas un secret : l’ancien président de la République (2007-2012) est l’un des protagonistes, en coulisses, des tractations entre BeIN Sports, la chaîne qatarie implantée en France depuis 2012, et le groupe Canal+, filiale de Vivendi, dans le cadre des négociations de gré à gré avec la LFP pour l’acquisition des droits télévisés de la Ligue 1 (L1) de 2024 à 2029. Il cherche à créer les conditions d’un deal entre les deux parties pour la distribution de BeIN Sports. Un accord entre les deux protagonistes pourrait permettre à la chaîne qatarie de passer de son côté un agrément avec la LFP de M. Labrune, proche lui aussi de M. Sarkozy, et ainsi d’apporter un montant satisfaisant aux clubs français pour les droits domestiques et internationaux.
« Sarkozy fait tout pour que ça se fasse, note un compagnon de route de l’ancien chef de l’Etat. Il donne son avis et gomme les différences. Il est dans un rôle de médiateur de bon sens, fiable. » D’après cette source, M. Sarkozy aurait même un « pouvoir d’influence supérieur à celui de M. Macron, car l’ex-président est, lui, proche de toutes les parties prenantes ». A défaut d’avoir un vrai levier en main, Nicolas Sarkozy semble se cantonner à un rôle de conciliateur, mettant du liant entre les deux camps. Contacté par Le Monde, il n’a pas donné suite.
Carré VIP au Parc des Princes
L’ancien président est un intime de Vincent Bolloré, l’actionnaire de référence de Vivendi. Le groupe a un contrat de conseil avec Realyze, le cabinet d’avocats cofondé par M. Sarkozy, qui en détient 50 % des parts. L’ancien chef de l’Etat est aussi administrateur, depuis 2021, du groupe Lagardère (avec une rémunération pour 2024 de 118 750 euros au titre de 2023), propriété de Vivendi. Il est par ailleurs proche de l’émir du Qatar, Tamim Ben Hamad Al Thani, et de Nasser Al-Khelaïfi, également patron de BeIN Media, le groupe détenant BeIN Sports.
Il vous reste 51.53% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.