Un « classique » des terrains de football, les attroupements véhéments autour des hommes en noir, pourrait devenir de l’histoire ancienne à partir de l’Euro 2024. L’Union des associations européennes de football (UEFA) a annoncé, mardi 14 mai dans un communiqué, que les arbitres de la compétition internationale qui se déroulera en Allemagne (du 14 juin au 14 juillet) expliqueront mieux leurs décisions, mais qu’en contrepartie seuls les capitaines des équipes seront autorisés à échanger avec eux, sous peine de cartons jaunes pour les autres joueurs qui chercheraient à s’immiscer dans ces échanges.
« Expliquer une décision quand 22 joueurs vous entourent » est « impossible », surtout quand il y a « 200 à 250 décisions » par match, affirme le responsable de la commission des arbitres au sein de l’instance européenne, Roberto Rosetti, dans le communiqué, assurant que le comportement des joueurs et des entraîneurs est une question importante pour l’UEFA.
Aussi « nous demandons à toutes les équipes de veiller à ce que le capitaine soit le seul joueur qui parle à l’arbitre. » Tout joueur outrepassant le rôle de son capitaine ou qui s’approcherait de l’arbitre pour lui manquer de respect ou contester une décision sera averti. Si le capitaine est un gardien, « il faudra évidemment désigner un joueur de champ pour remplir ce rôle si un incident se produit à l’extrémité du terrain », précise encore le patron de l’arbitrage européen.
Alors que les polémiques liées à l’arbitrage ont égrainé la saison, l’UEFA souhaite « créer un climat de confiance » autour des hommes et femmes au sifflet, lesquels sont en permanence submergés d’informations dans leurs oreillettes par l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR) ou leurs arbitres assistants.
L’UEFA veut des arbitres « plus ouverts »
« Nous voulons des arbitres avec une forte personnalité qui prennent des décisions – parfois impopulaires – et les assument sur le terrain, mais nous voulons aussi qu’ils soient plus ouverts et qu’ils expliquent ce qui les a conduits à certaines décisions », poursuit Roberto Rosetti, lui-même ex-arbitre international italien. Mais, donc, avec un interlocuteur unique en face d’eux.
Cette approche, inspirée de celle pratiquée au rugby, était en réflexion à la Fédération internationale de football (FIFA) depuis 2016. Les instances footballistiques espèrent qu’elle participera à améliorer l’image du jeu, régulièrement ternie par les attroupements des joueurs qui, ne maîtrisant pas toujours leurs émotions, tentent de faire pression sur l’arbitre central. « Cela peut entraîner des problèmes de communication, et le football peut très rapidement prendre une tournure très négative, ce qui, comme tout le monde s’accorde à dire, nuit à l’image de notre sport », constate Roberto Rosetti dans le communiqué.
La veille de l’annonce de l’UEFA, le football français a, de son côté, amorcé une autre révolution inspirée du ballon ovale dans l’arbitrage. Le président de la Fédération française de football, Philippe Diallo, a confirmé, lundi 13 mai, lors de la cérémonie de remise des prix de l’UNFP, que les arbitres de Ligue 1 seront sonorisés lors de la saison 2024-2025, quand ils consulteront les images de la VAR. Un dispositif déjà testé lors des playoffs de la D1 Arkéma (féminine) et qui sera également mis en place lors de la prochaine finale de la Coupe de France entre le PSG et l’Olympique lyonnais, le 25 mai à Lille. « C’est une évolution importante dans le jeu. Elle permettra de mieux communiquer avec le public, pour mieux faire comprendre les décisions », a précisé le patron du football français, espérant « beaucoup plus de fluidité, beaucoup plus de temps de jeu et beaucoup plus de sourires encore sur le terrain ».